Les négociations entre les Etats-Unis et l’Iran
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بسم الله الرحمن الرحيم
Les négociations entre les Etats-Unis et l’Iran
(Traduit)
Question:
Le Sultanat d’Oman, qui joue un rôle de médiateur dans les négociations entre les États-Unis et l’Iran, a annoncé jeudi « le report du quatrième cycle de discussions prévu samedi dans la capitale italienne, Rome, pour des ‘’raisons logistiques’’, sans préciser de nouvelle date. Asharq, 01/05/2025. » Les négociations indirectes entre les États-Unis et l’Iran ont commencé le 12/04/2025 dans la capitale omanaise, Mascate, avec la médiation du ministre des Affaires étrangères omanais Badr al-Busaidi. Le deuxième cycle s’est tenu le 19/04/2025 à l’ambassade du Sultanat d’Oman à Rome, également sous la médiation du ministre al-Busaidi. Le troisième cycle a eu lieu le samedi 26/04/2025, dans le Sultanat d’Oman, toujours sous médiation omanaise. La question est : pourquoi Trump cherche-t-il maintenant à renégocier un accord nucléaire avec l’Iran, alors qu’il s’en est retiré unilatéralement en 2018, après sa signature le 14/07/2015? Pourquoi le quatrième cycle a-t-il été reporté? Que signifient ces raisons logistiques? Et ce report signifie-t-il la fin des négociations?
Réponse:
Il nous faut d’abord revoir les circonstances qui prévalaient en 2015 lors de la conclusion de l’accord nucléaire entre l’Iran et les pays occidentaux. Ensuite, il faut revenir au contexte du retrait de Trump en 2018, et aux circonstances de l’époque. Nous devons ensuite examiner les récents développements autour des négociations entre les États-Unis et l’Iran:
1- Les facteurs ayant poussé les États-Unis en 2015 à conclure l’accord nucléaire avec l’Iran: En réponse à une question posée le 22/07/2015 concernant la signature de l’accord par les États-Unis, nous avons dit: (Le président américain a dirigé les négociations à distance, par des contacts directs et avec une implication intense, pour faire aboutir cet accord. Il a mobilisé son Secrétaire d’État pendant trois semaines continues, en plus des contacts antérieurs, ce qui montre l’importance capitale de cet accord pour les États-Unis, leurs intérêts et ceux de l’administration Obama, car cela a permis de contraindre l’Iran pendant des décennies et de l’empêcher de fabriquer toute arme nucléaire.Et si l’on relie cela aux déclarations antérieures du président américain et d’autres responsables américains concernant l’importance du rôle stratégique de l’Iran dans la région et leur volonté de coopérer avec lui, voire de travailler effectivement avec lui, comme cela est déjà visible, ainsi qu’aux déclarations des responsables iraniens annonçant leur coopération avec les États-Unis en Irak et en Afghanistan, et leur disposition à collaborer dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, et si l’on considère l’accord implicite des États-Unis avec les actions de l’Iran et de son parti (au Liban) en Syrie, alors tout cela indique que l’objectif de l’Amérique derrière cet accord est d’alléger la situation de l’Iran en levant les sanctions, et d’ancrer une relation ouverte avec lui, afin qu’il puisse continuer à jouer un rôle qui faciliterait le travail américain, allégerait ses charges, et offrirait une couverture à ses manœuvres vis-à-vis des États et des peuples de la région. Par conséquent, l’Iran mettra en œuvre la politique américaine dans les faits, comme c’est le cas en Irak, en Syrie et au Yémen, mais au lieu que cela se fasse derrière un rideau opaque comme auparavant (avant l’accord), cela se fera désormais derrière un rideau transparent, voire sans rideau du tout…!)
Ainsi, Obama a conclu l’accord nucléaire avec l’Iran le 14/07/2015 afin de revitaliser son rôle en Syrie.
2- Les facteurs qui ont poussé l’administration Trump en 2018 à annuler l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran:
a. Washington a fait entrer l’Arabie saoudite et la Turquie sur la scène régionale, avec une Turquie très active dans la région. En 2016, la Turquie a lancé l’opération «Bouclier de l’Euphrate», puis en Mars 2018, l’opération «Rameau d’olivier». Cela s’ajoutait au rôle régional de l’Arabie saoudite. Par conséquent, il n’était plus nécessaire que l’Iran joue un rôle majeur en Syrie, et celui-ci devait être réduit. C’est exactement ce que Trump a fait; il a réduit le rôle de l’Iran dans la région, le faisant passer d’acteur majeur à un rôle secondaire ou complémentaire.
b. Les pays européens étaient également signataires de l’accord nucléaire de 2015 et en étaient les principaux bénéficiaires. Or, Trump ne voulait pas que l’Europe profite de l’accord signé sous l’administration Obama, alors il l’a annulé.
Ainsi, Trump a annoncé son retrait de l’accord nucléaire avec l’Iran, car il était dans l’intérêt des États-Unis de se retirer de l’accord en vue de nouvelles conditions qui réduiraient le rôle de l’Iran dans la région.
3- Les facteurs qui ont poussé Trump à revenir à l’accord nucléaire qu’il avait annulé en 2018, en 2025:
En tenant compte des événements survenus après l’investiture de Trump le 20/01/2025, les motivations ayant poussé les États-Unis à revenir à l’accord nucléaire deviennent claires:
a- Il est évident que c’est l’administration Trump qui a pris l’initiative de reprendre les négociations nucléaires avec l’Iran. Trump a envoyé une lettre à Téhéran le 7 Mars, par l’intermédiaire d’Oman, exprimant clairement son désir de reprendre les négociations pour parvenir à un nouvel accord. (Le président américain Donald Trump a déclaré, dans une interview à Fox Business Network, qu’il avait envoyé une lettre au guide suprême iranien Ali Khamenei le jeudi 6 Mars, exprimant sa préférence pour une négociation d’accord avec Téhéran. Trump a ajouté dans son interview, qui sera diffusée après-demain, dimanche: «L’autre option est d’agir, car l’Iran ne doit pas obtenir l’arme nucléaire.» Concernant le contenu de la lettre envoyée à Khamenei, Trump a déclaré: «Je lui ai dit que j’espérais qu’il négocierait, car ce serait bien mieux pour l’Iran.» ... Iran International, 07/03/2025.).
b- En 2018, Trump avait annulé l’accord nucléaire parce que les principaux bénéfices de l’accord signé en 2015 entre les cinq membres permanents et l’Allemagne revenaient aux Européens. C’est pourquoi Trump a exclu les pays européens des négociations nucléaires avec l’Iran, contrairement à ce qui s’était passé en 2015. Il ne les a ni consultés ni informés des discussions qui se sont tenues à Oman, afin de bloquer les efforts européens pour engager des pourparlers avec l’Iran. (Des diplomates européens ont déclaré à Reuters qu’ils cherchaient à organiser une nouvelle rencontre avec l’Iran, mais ces efforts ont apparemment été gelés lorsque Téhéran a entamé des pourparlers indirects sur son programme nucléaire avec l’administration du président américain Donald Trump plus tôt ce mois-ci. Les États-Unis n’ont pas informé les pays européens des négociations nucléaires dans le Sultanat d’Oman avant que Trump ne les annonce… Asharq, 24/04/2025). Même le choix de l’Italie, dirigée par la Première ministre de droite Meloni, soutenue par l’administration Trump, comme lieu du deuxième cycle est un message adressé aux pays européens opposés à lui, notamment le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, sous prétexte de l’OTAN.
c- Les États-Unis entendent concentrer toute leur attention et leurs ressources sur la compétition mondiale avec la Chine ; ils cherchent donc à éliminer tout élément susceptible de les en détourner ou de les affaiblir. Les négociations en cours avec la Russie s’expliquent par la même logique: elles visent à attirer la Russie à la table des négociations par le biais de la crise ukrainienne, afin de la détacher de la Chine et d’affaiblir ainsi l’axe Sino-Russe. Ainsi, Trump fait de la maîtrise de la Chine une priorité stratégique.
d- Le souhait de l’entité juive d’attaquer l’Iran sous prétexte d’empêcher l’acquisition de l’arme nucléaire. Comme nous le savons, l’entité juive a lancé une attaque contre l’Iran en octobre 2024. L’Iran a répondu par des tirs de missiles pour montrer sa force, après avoir informé à l’avance les États-Unis et l’entité juive. Désormais, les États-Unis ne veulent plus être distraits par de telles attaques alors qu’ils concentrent leurs efforts sur la Chine. Ils souhaitent donc conclure un accord nucléaire avec l’Iran, garantissant la sécurité de l’entité juive et supprimant le prétexte d’attaque. Par cette démarche, après avoir conclu l’accord nucléaire avec l’Iran, Trump, le président américain le plus favorable à l’entité juive, éliminera les motifs de conflit avancés par cette dernière. En même temps, il placera les intérêts économiques américains et l’affrontement avec la Chine au sommet de ses priorités, lui permettant de se consacrer pleinement à la Chine sans être perturbé ni freiné par aucun obstacle.
Ainsi, Trump a entamé ces discussions avec l’Iran pour conclure un accord limitant ses capacités nucléaires, en écartant les pays européens.
4- Quant à la raison du report de la quatrième session, elle est d’ordre logistique, comme l'ont rapporté les médias. Le terme logistique, tel que défini sur Wikipédia, est: («L'art de l'approvisionnement et de la provision.» La logistique, ou ce qu'on appelle en arabe l’art de la logistique, est l'art et la science de gérer le flux des marchandises, de l'énergie et de l'information…), comme si l’intention était d’organiser le climat et d’apaiser la situation après que l’Amérique a imposé des sanctions en pleine négociation avec l’Iran. Un responsable iranien a déclaré à Reuters [(que les pourparlers irano-américains auront lieu à une autre date selon le comportement américain, en précisant que les sanctions de Washington contre Téhéran ne facilitent pas le processus diplomatique visant à résoudre le différend nucléaire). Cela est survenu après que Washington a imposé de nouvelles sanctions à des entités qu’elle accuse d’être impliquées dans le commerce illégal de pétrole et de produits pétrochimiques iraniens. Les États-Unis (ont imposé des sanctions mercredi à des entités qu’ils accusent d’être impliquées dans le commerce illégal de pétrole et de produits pétrochimiques iraniens, dans le cadre des efforts de Washington pour intensifier la pression sur l’Iran) Asharq, 1/5/2025]. Ces sanctions ont été imposées alors que les négociations étaient décrites comme sérieuses. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ismail Baghaei, a déclaré: (Téhéran continuera de participer sérieusement et résolument aux négociations visant à obtenir des résultats avec les États-Unis. Asharq, 1/5/2025).
Par conséquent, il est peu probable que ce report constitue une rupture des négociations entre les deux parties, mais plutôt un délai temporaire pour apaiser le climat suite aux sanctions américaines imposées pendant les discussions en cours.
5- Il est étonnant que les dirigeants des pays musulmans acceptent l’ingérence américaine dans la définition de la puissance, des armes et de l’industrie des musulmans! Ces dirigeants ne réalisent pas que la préparation de la puissance, en islam, vise à vaincre, effrayer et terrifier l’ennemi. Si l’ennemi décide à notre place, dans les moindres détails, c’est une défaite pour nous, même avant l’heure prévue! Comment l’Iran peut-il permettre à l’Amérique de s’ingérer dans sa puissance, ses missiles et son arsenal nucléaire, alors que l’Amérique remplit ses arsenaux d’armes nucléaires et les a même utilisées il y a des décennies à Hiroshima et Nagasaki?! L’Amérique déclare publiquement qu’elle ne permettra pas à l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. Ce que l’Iran et les autres dirigeants musulmans devraient dire haut et fort à l’Amérique: détruisez vos armes nucléaires avant de demander aux autres de ne pas en posséder… et détruisez vos missiles avant de demander aux autres de les détruire… Quant aux ennemis qui possèdent des armes lourdes et exigent des musulmans qu’ils n’en aient pas, c’est là une déclaration empreinte de brutalité, d’arrogance et de mépris, si seulement ils raisonnaient. Allah (swt) l’a clairement énoncé dans Son Livre, dans Ses propos : ﴿وَأَعِدُّوا لَهُمْ مَا اسْتَطَعْتُمْ مِنْ قُوَّةٍ وَمِنْ رِبَاطِ الْخَيْلِ تُرْهِبُونَ بِهِ عَدُوَّ اللهِ وَعَدُوَّكُمْ وَآخَرِينَ مِنْ دُونِهِمْ لَا تَعْلَمُونَهُمُ اللهُ يَعْلَمُهُمْ وَمَا تُنْفِقُوا مِنْ شَيْءٍ فِي سَبِيلِ اللهِ يُوَفَّ إِلَيْكُمْ وَأَنْتُمْ لَا تُظْلَمُونَ﴾«Préparez contre eux toute la force que vous pouvez, ainsi que des cavaleries équipées, afin de frapper de terreur l’ennemi d’Allah et votre ennemi, et d’autres encore que vous ne connaissez pas mais qu’Allah connaît. Tout ce que vous dépensez dans le sentier d’Allah vous sera remboursé pleinement, et vous ne serez point lésés.»[Al-Anfal: 60]
Dans l’introduction de la Constitution, p. 256, [l’article 69 stipule: (Il est obligatoire de doter l’Armée des armes, fournitures et équipements, ainsi que de tout ce qui est nécessaire et requis, afin qu’elle puisse remplir sa mission en tant qu’armée islamique). Il (swt) dit: ﴿تُرْهِبُونَ﴾«Terrifier» constitue la cause (‘Illah) de cette préparation. Celle-ci ne sera complète que lorsque la cause de cette législation sera atteinte, à savoir l’intimidation des ennemis et des hypocrites. Il est donc obligatoire de fournir toutes les armes et équipements à l’armée pour produire cette intimidation, et plus encore, pour lui permettre d’accomplir sa mission qui est le Jihad pour transmettre l’appel à l’islam…].
Tout cela montre que les musulmans doivent déployer tous les efforts pour que leur puissance dépasse celle de l’ennemi, semant la peur dans leurs cœurs. Pour cela, notre puissance doit devenir une source d’inquiétude pour l’ennemi, l’occupant et l’effrayant. Tout cela est incompatible avec le fait de s’engager dans des négociations avec l’ennemi dans lesquelles nos armes sont limitées et où l’on nous empêche de contrôler notre capacité à les intimider. Nous demandons à Allah (swt) de permettre au pionnier Hizb ut Tahrir, qui ne ment pas à son peuple, d’établir l’État Islamique, le Khilafah Rashida (Califat bien guidé), au plus tôt. Il terrifiera alors l’ennemi comme auparavant, répandra le bien dans le monde, et retournera les complots des mécréants contre eux: ﴿وَيَوْمَئِذٍ يَفْرَحُ الْمُؤْمِنُونَ * بِنَصْرِ اللهِ يَنْصُرُ مَنْ يَشَاءُ وَهُوَ الْعَزِيزُ الرَّحِيمُ﴾«Et ce jour-là, les croyants se réjouiront * du secours d’Allah. Il donne la victoire à qui Il veut. Et c’est Lui le Tout-Puissant, le Très Miséricordieux.» [Ar-Rum, 30:4-5]
4 Dhou al-Qa’da 1446 H
2/5/2025 EC